Super Lone Survivor : un Silent Hill like en 2D

La série Silent Hill est (enfin) revenue au cœur de l’actualité vidéoludique. Les amateurs de style rétro attendant avec impatience les nouveaux jeux de cette saga KONAMI peuvent prendre leur mal en patience avec une autre création moins médiatisée mais qui mérite que l’on parle d’elle : Super Lone Survivor. Remake de Lone Survivor sortie en 2012, cette nouvelle version plus complète introduit de nouvelles zones, une remasterisation de la bande-son, un mode de difficulté, ou encore une refonte des effets de lumière.

©Superflat Games

Silent Hill, es-tu là ?

Difficile en effet de ne pas penser à la ville brumeuse en jouant à Super Lone Survivor. L’ambiance générale particulièrement lugubre et brumeuse en est la raison la plus évidente. La part importante accordée à l’exploration rappelle également les deux premiers volets canoniques de Silent Hill (le 3 et le 4 ayant emprunté une voie plus linéaire). On retrouve aussi régulièrement des monstres à l’apparence quasi-humaine, autre marque de fabrique de la série. Même les bruitages du jeu évoquent clairement la ville maudite servant de purgatoire à James Sunderland. Les sons utilisés lorsque le personnage ramasse un objet ou ouvre la carte sonnent d’ailleurs comme un hommage direct. D’autres scènes plus oniriques pourront quant à elle évoquer le cinéma de David Lynch.

L’aspect survie se veut cependant plus poussé dans ce Super Lone Survivor que dans Silent Hill. Ici, il ne suffira pas seulement d’éviter les attaques des monstres. Le personnage que vous contrôlez, simplement appelé « You », devra aussi se nourrir régulièrement. Il trouvera pour cela des aliments dispersés un peu partout. Attention cependant à ne pas manger n’importe quoi : plus votre alimentation sera mauvaise, plus cela détériorera la santé mentale du protagoniste. Vous risquez ainsi d’obtenir une plus mauvaise fin parmi les cinq différentes existantes, influencées par vos décisions et vos actions effectuées. Au contraire, manger des mets cuisinés à l’aide d’accessoires générera une meilleure guérison et influencera vers une fin plus positive (même si le scénario du jeu demeure particulièrement cryptique).

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Super Lone Survivor, un jeu de survie qui intègre l’alimentation au gameplay ©Superflat Games

Horreur en pixel-art et ambiance sonore

Jasper Byrne, développeur de ce Super Lone Survivor avait bénéficié d’une certaine notoriété dans le cercle du jeu vidéo indépendant en 2008. Cette année-là, il avait en effet sorti Soundless Mountain II, demake de Silent Hill II. Pour les non-initiés, un demake consiste à reprendre un jeu vidéo en utilisant une plateforme antérieure à celle du jeu original. Dans cet exemple, Soundless Mountain II avait été reproduit avec les contraintes techniques de la Super NES (sortie en Europe en 1992). Silent Hill II était quant à lui sorti sur PlayStation 2 (2000). En-dehors de la prouesse technique, le but de l’exercice est aussi de reproduire à quoi le jeu aurait pu ressembler si il était sorti par exemple 10 ans plus tôt.

Rien d’étonnant donc à ce que ce Super Lone Survivor fasse la belle part au pixel-art. Développeur indépendant depuis plus de 15 ans, Jasper Byrne s’avère en effet être un passionné de bidouille vidéoludique. Avec peu de moyens, il parvient ici à donner corps à un univers lugubre en basse résolution. On pourra cependant regretter un choix discutable au niveau de la police d’écriture, pas toujours agréable à lire.

La bande-son est également au cœur de l’expérience du jeu. Jasper Byrne (qui avait d’ailleurs participé à la bande-son du jeu culte Hotline Miami) compose ici lui-même l’intégralité des musiques de Super Lone Survivor. Chaque zone importante a ainsi droit à son propre thème. Celui utilisé dans l’appartement du protagoniste, servant entre autres de point de sauvegarde, s’avère particulièrement marquant. A la fois planant et inquiétant, il sert parfaitement bien l’expérience de jeu. Le joueur est rassuré d’être dans cet endroit sûr et familier, mais cette mélodie troublante lui rappelle que la menace extérieure pèse toujours.

Horreur et apaisement ?

De par son aspect graphique pour le moins vieille école, Super Lone Survivor ne suscite pas une terreur mémorable. Il parvient cependant à générer de la crainte et une certaine tension. Celle-ci est accentuée par le fait que le système de sauvegarde de ce survival-horror se fasse également « à l’ancienne ». Il est ainsi nécessaire de se rendre à l’appartement du protagoniste et de se coucher pour sauvegarder. A certains moments, mourir pourra donc vous contraindre à perdre une bonne partie de votre progression.

Sur sa fin, le jeu a même généré chez moi une certaine forme d’apaisement grâce à deux quêtes optionnelles réussies. Le lien créé avec deux PNJ après des heures de solitude est particulièrement appréciable. Cela montre par ailleurs la réussite du jeu à immerger le joueur dans cette logique de survie solitaire. Il est cependant dommage que Super Lone Survivor s’arrête peu de temps après, alors que le pic en termes de plaisir de jeu et de compréhension des mécaniques est alors au plus haut. La rejouabilité est toutefois intéressante, l’intérêt d’une seconde partie étant de terminer le jeu avec la meilleure santé mentale possible et ainsi obtenir une autre fin.

 

Comment jouer à Super Lone Survivor ?

La Nintendo Switch confirme son statut de console incontournable pour les amateurs de jeux indépendants. Elle accueille en effet ce Super Lone Survivor pour le montant actuel de 19,99€. Il est également possible d’y jouer par l’intermédiaire de Steam.

Martin Karpinski

Trop trouillard pour jouer aux survival-horrors jusqu'à mes 18 ans. En 2008, Dead Space fut ma première porte d'entrée vers cet univers. J'ai depuis rattrapé mon retard, tant au niveau des classiques (Resident Evil, Silent Hill...) que des jeux indépendants. Si il me reste encore des lacunes, j'ai cependant créé ce site pour partager ma passion du survival-horror et certaines de mes réflexions. J'écris également pour le webzine Journal du Japon.

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