Signalis : horreur spatiale et futuriste

Signalis
Studio de développement rose-engine
Editeur Humble Games
Date de sortie 27 octobre 2022
Consoles PC, Xbox, PS4, Switch
Durée du jeu 10h environ

Signalis est un jeu indépendant sorti le 27 octobre 2022. Il est essentiellement l’œuvre de deux personnes : Barbara Wittmann et Yuri Stern, à la tête du studio rose-engine. Ce qui rend sa qualité d’autant plus impressionnante.

Un univers travaillé mais obscur (trop ?)

Le joueur y contrôle Elster, une replika. Il s’agit donc d’un robot doté d’intelligence artificielle. Le lieu d’action du jeu semble d’ailleurs exclusivement occupé par des robots à l’apparence humanoïde. De quoi attiser la curiosité du joueur, qui peut se demander comment l’humanité en est arrivée là. Signalis amorce également des réflexions, classiques mais notables, sur l’identité humaine des intelligences artificielles. L’émotion ressentie par ces dernières, séparées en plusieurs classes ayant chacune leurs spécificités, est notamment régulièrement évoquée.

Fortement inspiré des survival-horror « old-school » des années 90 et 2000, Signalis parvient à s’offrir une identité propre. Ses thèmes, alliant dystopie, futurisme, et mystère cosmique, pourront le rapprocher de SOMA. L’univers du jeu, compte tenu des moyens du studio, est particulièrement développé. On finit en effet par lire avec attention les différents documents lisibles. Ces derniers permettent en effet de comprendre davantage ce qui se trame dans cette étrange station spatiale. Si Signalis se joue essentiellement en vue de dessus, on peut noter plusieurs passages à la première personne qui surprennent et mettent en avant une ambiance étrange et onirique.

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Le jeu intègre plusieurs cinématiques particulièrement abstraites mais visuellement fortes ©rose-engine, Humble Bundle

L’ensemble reste cependant (volontairement ?) ambigu. On peut ainsi terminer le jeu, doté de plusieurs fins, avec la sensation de ne pas avoir complètement saisi ses mystères. Garder une certaine part de secret est bien entendu louable. Inside du studio danois Playdead en est le parfait exemple. Signalis stimule l’imagination mais demeure peut-être trop abstrait pour susciter ce sentiment mêlé de stupéfaction et de folie que l’on ressent à la fin de cet autre jeu indépendant. Les nombreux messages postés sur Reddit concernant l’univers du jeu démontrent cependant qu’il n’a pas manqué de susciter de nombreuses théories et réflexions.

Les bons vieux pots du survival-horror

Signalis remet au goût du jour plusieurs mécaniques classiques du survival-horror. On retrouve ainsi l’inventaire limité (à 6 objets ici), la présence de salles de sauvegarde (celle-ci n’étant jamais automatique), ou encore les énigmes. Celles-ci sont particulièrement réussies. Ni trop simples ni trop exigeantes (comme pouvaient l’être celles de Tormented Souls), elles génèrent un vrai sentiment de satisfaction une fois résolues. L’utilisation de la radio est notamment particulièrement pertinente.

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Une salle de sauvegarde du jeu ©rose-engine, Humble Bundle

L’inventaire limité oblige également le joueur à prendre des décisions. Il lui faudra parfois partir peu équipé afin de ramasser davantage de collectibles et d’objets-clés. Si cela pourra générer quelques allers-retours, cela a le mérite d’impliquer le joueur dans cette prise de décision. On retrouve également un autre emprunt au premier Resident Evil. Une fois vaincus, les ennemis sont susceptibles de revenir à la vie au bout d’un certain temps. Il est cependant possible de les neutraliser définitivement en utilisant une arme spécifique, aux munitions bien entendu limitées. Aux joueurs de choisir quels sont les ennemis lui semblant les plus stratégiques à éliminer une bonne fois pour toutes.

Signalis ressuscite avec brio plusieurs craintes propres au genre horrifique. On prend notamment un certain plaisir à réfléchir au chemin le plus sûr à emprunter pour revenir à un endroit tout en évitant une salle infestée de monstres. A l’image des énigmes, le level-design est juste assez complexe pour demander de la réflexion et de l’orientation sans donner l’impression de se perdre. Les décors parviennent à produire une double-réussite. Ils sont en effet à la fois convaincants visuellement (rendant un bel hommage à l’ère PS1) tout en faisant en sorte qu’aucune salle ne se ressemble, facilitant le repérage du joueur.

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Un système d’inventaire à maîtriser ©rose-engine, Humble Bundle

Quelques éléments frustrants

La réussite de Signalis dans ce qu’il entreprend est entachée par quelques défauts. Le système de visée, à titre d’exemple, s’avère particulièrement frustrant et difficile à contrôler. On pourra arguer que cela participe à l’atmosphère du jeu, encourageant plutôt la discrétion que l’utilisation des munitions. Cependant, le style de jeu du joueur (offensif ou discret) a un impact fort sur la fin du jeu. J’ai donc ressenti une certaine contradiction, bien qu’involontaire, à décourager le combat et ensuite utiliser cela pour jauger l’attitude du joueur. Signalis propose ainsi trois fins différentes en fonction de ce critère.

Ces fins multiples, et surtout les éléments impactant sur celles-ci, m’ont paru moins convaincantes que dans d’autres jeux indépendants comme Super Lone Survivor. Si l’idée d’utiliser les choix inconscients du joueur à la façon de Silent Hill est pertinente, le système m’a semblé ici plutôt arbitraire.

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Une autre référence (discrète) à Silent Hill 2 ©rose-engine, Humble Bundle

Conclusion sur Signalis

Signalis réussit son pari horrifique. Ressuscitant avec brio l’esprit des grandes licences du survival-horror, cette création indépendante affirme également une vraie personnalité. Si on pourra regretter un univers peut-être trop abstrait (mais pas forcément pour tout le monde) et quelques points frustrants, il n’en reste pas moins un incontournable pour tous les amateurs de survival-horror à l’ancienne.

Martin Karpinski

Trop trouillard pour jouer aux survival-horrors jusqu'à mes 18 ans. En 2008, Dead Space fut ma première porte d'entrée vers cet univers. J'ai depuis rattrapé mon retard, tant au niveau des classiques (Resident Evil, Silent Hill...) que des jeux indépendants. Si il me reste encore des lacunes, j'ai cependant créé ce site pour partager ma passion du survival-horror et certaines de mes réflexions. J'écris également pour le webzine Journal du Japon.

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