La maison dans le jeu d’horreur

Au cinéma comme dans le jeu vidéo, la maison (hantée ou non) est un classique du genre horrifique. Elle a cependant une fonction différente dans le médium vidéoludique. Contrairement au spectateur, le joueur a la possibilité de prendre le temps qu’il souhaite pour observer son environnement. Les maisons des jeux vidéo horrifiques offrent des détails permettant de mieux comprendre l’histoire et ses événements. En observant, on peut par exemple comprendre comment les anciens propriétaires y vivaient. Ou encore, détecter des traces d’anciens événements inquiétants.

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Comparaison du manoir de Alone in the Dark dans l’original de 1992 et le remake prévu pour 2024 ©Infogrames | Pieces Interactive, THQ Nordic

Liste de jeux d’horreur se déroulant dans une maison

Ci-dessous plusieurs exemples de jeux d’horreur dont l’intrigue se déroule en bonne partie dans une maison ou un manoir :

JeuAnnée de sortiePlates-formesDuréeNote SC /10Note JV /20
Resident Evil1996PlayStation, Sega Saturn11h8,218,7
Project Zero 2 : Crimson Butterfly2003PS2, Wii10h7,918,3
Alone in the Dark1992Amiga, MS-DOS, Mac OS, PC-988h7,518,7
Project Zero2001PlayStation 2, Xbox, Wii10h7,517,6
Sweet Home1989NES7h7,4N/A
Tormented Souls2021PS5, PS4, Xbox, Nintendo Switch, PC9h7,416,4
Resident Evil 72017PS4, Xbox One, PC11h7,316,5
Amnesia: The Dark Descent2010Windows, macOS, Linux8h7,217,1
Project Zero 4 : Le masque de l'éclipse lunaire2008Wii, PS5, PS4, Xbox, Nintendo Switch, PC14h6,316
Haunted House1982Atari 2600, NES1h6,1N/A

Seuls les jeux accordant une place importante au lieu de la maison sont indiqués. Silent Hill 3 ou encore Resident Evil 8 n’ont par exemple pas été cités. Le thème de la maison y est en effet repris seulement le temps d’une séquence.

La maison hantée comme lieu d’action

Sweet Home (1989), Alone in the Dark (1992), Resident Evil (1996). Si vous appréciez l’histoire du survival-horror, vous n’êtes pas sans savoir que ces trois jeux ont été les précurseurs du genre. Il est intéressant de noter que tous ont comme point commun d’avoir une maison (ou plus précisément, un manoir) comme unique lieu d’action. Le manoir Mamiya pour Sweet Home, la demeure de Derceto pour Alone in the Dark et enfin le manoir Spencer pour Resident Evil.

Les moyens techniques d’alors limitaient la prise de risque. Il aurait par exemple été ambitieux (et casse-gueule) pour l’époque de proposer un jeu d’horreur dans l’espace. A défaut d’originalité, la maison apparaît comme une base sûre pour développer une ambiance horrifique.

En remontant encore plus loin, on peut aussi citer le bien nommé Haunted House sorti en 1982 sur Atari 2600. Il s’agit factuellement du premier survival-horror. Cependant, de par ses graphismes particulièrement sommaires, ce titre n’a pas eu l’héritage des jeux précédemment cités.

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Haunted House (1982) : l’époque où les boîtes de jeux étaient vraiment plus jolies que les jeux ©Atari

Il est à noter que Sweet Home est avant tout l’adaptation d’un film du même nom. Resident Evil a d’ailleurs d’abord été pensé comme un remake de ce dernier. Il s’en détachera davantage au cours de son développement. Tout en s’inspirant aussi grandement de Alone in the Dark

Le survival-horror vers de nouveaux horizons

Dans les années 90 et 2000, le jeu d’horreur ose explorer de nouveaux environnements. Silent Hill propose par exemple une ville entière à visiter (ainsi que ses hôpitaux et écoles mal fréquentées). Le célèbre brouillard inondant la ville n’est d’ailleurs pas seulement un effet de mise en scène. Il sert aussi de « cache-misère » évitant de devoir afficher un trop grand nombre d’éléments d’un coup, ce dont les consoles de l’époque n’étaient pas capables.

Resident Evil 2 diversifie aussi davantage ses lieux d’action. On y explorera par exemple des égouts, un laboratoire, et (rapidement) la ville Raccoon City. On peut constater que le début des années 2000 et 2010 voient la maison hantée moins utilisée que lors de la décennie précédente. Le jeu vidéo d’horreur explore alors d’autres possibilités. L’horreur spatiale est par exemple évoquée avec Dead Space ou Alien Isolation. Resident Evil 4 propose quant à lui des environnements de plus en plus variés : village, cimetière, château, île…

Une bonne partie de l’intrigue de Silent Hill 4 se déroule dans un appartement de taille réduite, accentuant l’aspect claustrophobie. Cependant, ce lieu sert aussi de hub pour explorer bien d’autres niveaux (métro, prison, forêt…). L’appartement dit aussi quelque chose du personnage principal de l’épisode, Henry Townshend. Dénué de toute fantaisie, il laisse entrevoir une existence morne. On peut d’ailleurs voir Silent Hill 4 comme une métaphore de la dépression et de l’isolement social.

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L’appartement de Silent Hill 4, dénué de toute fantaisie (mis à part les chaînes sur la porte…) ©CAPCOM

Sans pour autant aller jusqu’à proposer un monde ouvert, alors très populaire, le jeu d’horreur semble chercher à élargir ses univers. En 2014 sort The Evil Within conçu par le créateur de Resident Evil Shinji Mikami. Ce dernier titre s’assume comme une véritable compilation de nombreux lieux à forte consonnance horrifique. Hôpital psychiatrique, manoir, forêt lugubre, ou encore égouts… On sent une volonté de proposer une multitude de lieux différents.

Dans les années 2000 et début 2010, Amnesia et Project Zero continuent toutefois d’exploiter le thème du manoir hanté. Silent Hill 3 introduit quant à lui une séquence dans une maison hantée de parc d’attraction, Borley Haunted Mansion. Ce passage peut cependant être interprété comme étant une parodie. Le jeu semble chercher à moquer l’aspect facile et caricatural de ce type d’horreur.

La maison, un lieu d’horreur intemporel ?

Malgré cette perte de vitesse, la maison hantée n’avait cependant pas dit son dernier mot. Coup sur coup, Hideo Kojima dévoile le regretté Silent Hills: PT, trailer jouable qui se déroulait exclusivement dans une maison tandis que CAPCOM propose une visite du manoir de la famille Baker en Louisiane dans Resident Evil 7. Après plusieurs épisodes orientés action, la série CAPCOM retourne à ses fondamentaux horrifiques.

Il est intéressant de remarquer qu’elle a pour cela renoué avec une (grande) maison comme lieu quasi-unique. Cela permet de mieux cloisonner le joueur et de rendre la visite du manoir particulièrement étouffante. La narration environnementale du manoir permet aussi de comprendre quelle genre de famille était la famille Baker avant l’arrivée d’Eveline. Dans la suite, Resident Evil Village, la visite de la maison Beneviento constitue sans doute le grand moment horrifique du jeu.

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La maison Beneviento dans Resident Evil Village ©CAPCOM

Nous pouvons aussi citer Tormented Souls, jeu indépendant clairement inspiré des premiers jeux Resident Evil. Celui-ci se déroule dans un grand établissement évoquant directement le manoir Spencer. Visage, sorti en 2018 reprend aussi le thème de la maison hantée. Cette dernière semble toujours aussi inépuisable dans le registre de l’horreur vidéoludique et n’a donc pas encore fini de hanter vos consoles.

Martin Karpinski

Trop trouillard pour jouer aux survival-horrors jusqu'à mes 18 ans. En 2008, Dead Space fut ma première porte d'entrée vers cet univers. J'ai depuis rattrapé mon retard, tant au niveau des classiques (Resident Evil, Silent Hill...) que des jeux indépendants. Si il me reste encore des lacunes, j'ai cependant créé ce site pour partager ma passion du survival-horror et certaines de mes réflexions. J'écris également pour le webzine Journal du Japon.

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