Test Crow Country : faut-il prendre son ticket ?
Développé et publié par le studio SFB Games, Crow Country est sorti le 9 mai 2024. Son esthétique rétro et son ambiance à mi-chemin entre les premiers Resident Evil et Silent Hill sont communes à de nombreux jeux d’horreur indépendants sortis ces dernières années. Nous pouvons notamment citer SIGNALIS, Tormented Souls, ou encore Post Trauma, en cours de production. Fort de ces influences assumées, Crow Country parvient t-il à convaincre ?
Jeu testé sur PS5 avec le mode de difficulté « Survival-horror »En 1990, l’agent Mara Forest enquête au parc d’attractions Crow Country, laissé à l’abandon. Le gérant a mystérieusement disparu depuis 2 ans à la suite d’un incident qui a de quoi laisser suspicieux. Elle y rencontrera d’autres personnages comme Arthur Mole, un journaliste spécialisé dans le paranormal, l’avocate Julie Baron investiguant les lieux dans le cadre de l’incident évoqué, ou encore le policier Harrison James. Mais bien entendu, comme dans tout bon survival-horror, on devra (presque) toujours se débrouiller tout seul…
Hommage à Resident Evil, mais pas que
Si le scénario n’est pas des plus développés, il évite cependant de sombrer dans le nanardesque et se suit parfaitement. On apprécie quelques subtilités d’écriture, notamment une concernant la raison de la coloration de cheveux du personnage principal expliquée à la fin du jeu. L’univers est moins développé que dans un SIGNALIS. Crow Country met davantage l’accent sur l’aspect puzzle, ou le level-design. A la manière du manoir Spencer, le parc forme un tout qui se complète petit à petit de façon plaisante.
Le joueur a le choix d’éliminer les ennemis d’une zone rendant ainsi son prochain passage plus simple, ou bien de les esquiver en prenant le risque de finir par se faire toucher. A noter cependant que de nouveaux ennemis ou pièges pourront faire leur apparition dans certaines zones. Le joueur devra donc toujours rester sur le qui-vive pour éviter de prendre des dégâts. La visée n’est de plus (volontairement) pas évidente, plaçant le joueur dans une situation d’inconfort adaptée au registre horrifique.
Crow Country parvient cependant à bénéficier d’une vraie personnalité. Si Tormented Souls avait des qualités, il lui était difficile de totalement se distinguer du premier opus de la série CAPCOM. Crow Country se distingue déjà de par son thème. Il a en effet l’originalité de se dérouler exclusivement dans ce fameux parc d’attractions éponyme. Le thème du parc d’attractions dans le genre horrifique n’est pas nouveau. Silent Hill 3 en avait par exemple fait un niveau dédié. En séparant celui-ci en quatre zones distinctes, Crow Country parvient à être cohérent tout en proposant des ambiances assez diversifiées, tout au long des 6 heures nécessaires pour en venir à bout (un peu plus si vous cherchez à le compléter totalement). Une durée de vie qui sied parfaitement au rythme et aux caractéristiques du jeu.
Une direction artistique et une ambiance séduisantes
La direction artistique est également une réussite, pour peu qu’on ne soit pas allergique aux graphismes vieille école. Loin de tout réalisme, Crow Country dévoile des créatures pour le moins dérangeantes. Celles-ci sont d’autant plus effrayantes qu’elles stimulent l’imagination sur leur provenance. Une salle accessible à la fin du jeu donnera d’ailleurs des éléments de réponse à ce sujet. Chaque salle dispose de sa propre personnalité, fonction, mais aussi de ses secrets plus ou moins bien cachés.
Crow Country fait également parfois monter la tension d’une façon simple mais efficace. En demandant au joueur si il souhaite réellement faire cette action, un doute s’immisce. Un monstre va t-il surgir de ce coffre ? Est-ce réellement une bonne idée d’appuyer sur ce bouton ? Sans avoir un recours excessif aux jumpscares (assez rares), l’ambiance horrifique diffuse se dégageant du titre est particulièrement réussie. Le tout est appuyé par une bande-son d’ambiance alternant pistes calmes non sans un soupçon d’inquiétude (salles de sauvegarde) et d’autres parfaitement dans le ton d’un parc d’attractions qui a mal tourné, inspirant une mélodie malade.
Crow Country, un parc d’attractions exigeant mais valorisant
Le joueur devra utiliser plusieurs objets plus ou moins farfelus pour avancer dans sa quête. Diverses notes sont régulièrement laissés afin de donner des indices sur leur utilité. Récupérer et lire les différentes notes, deviner ce qu’elles impliquent, et se repérer dans les différentes zones du jeu pourra donc demander un petit effort cependant largement surmontable. Crow Country propose également des quêtes annexes permettant d’accéder à des armes ou des récompenses qui valent le détour. On se plaît ainsi à découvrir les différents secrets du jeu, même si j’ai personnellement fini par m’arrêter au 10ème secret (sur un total de 15).
A noter que Crow Country présente trois modes de jeux. Tous proposent des expériences assez différentes. Il existe donc un mode « Exploration » où les attaques des ennemis sont désactivées. Le joueur se focalise donc exclusivement sur la partie puzzle. Le mode « Survival-horror » est le mode supposé classique. Le mode « Murder of Crows » place quant à lui le curseur de difficulté plus haut. Si celui-ci n’a pas été essayé dans le cadre du test, on imagine que la gestion des ressources et les stratégies autour des monstres (tuer ou esquiver) y prennent une place d’autant plus importante.
Conclusion du test
Crow Country est une franche réussite qui mérite l’attention des amateurs de survival-horror, nostalgiques ou non de la période PS1. Exigeant sans être trop capillotracté (en-dehors d’une énigme facultative qui m’a semblé farfelue), assez riche en secrets, et diversifié dans ses décors, le jeu de SFB Games séduit tout au long de son aventure.