Test Project Zero 5 : La prêtresse des eaux noires

Dernier titre de la série nippone à l’heure actuelle, Project Zero 5 est sorti sur Wii U en 2014. En 2021, ce volet a droit à une remasterisation sur l’ensemble des consoles huitième et neuvième génération. Une façon sans doute pour l’éditeur KOEI TECMO de prendre la température avant de travailler éventuellement sur un nouveau titre. En-dehors des considérations commerciales, que vaut cette dernière aventure horrifique au milieu des esprits japonais ?

Ambiance, es-tu là ?

A l’image de son prédécesseur Project Zero : Le masque de l’éclipse lunaire (dont la sortie européenne est paradoxalement plus récente), l’ambiance horrifique de La prêtresse des eaux noires est saisissante. Que l’on visite une forêt témoin de nombreux phénomènes paranormaux, des sanctuaires inquiétants ou des maisons abandonnées, le joueur est toujours entouré de cette atmosphère pesante qui le maintient aux aguets.

Celle-ci est appuyée par des cinématiques qu’il est possible de visionner après avoir battu certains fantômes et infligé ensuite un « regard fatal ». Cette action consiste à toucher un fantôme avant qu’il ne disparaisse définitivement. Vous voyez alors les circonstances de la mort du personnage avant qu’il ne se transforme en fantôme. Un élément simple mais qui offre une autre récompense (en plus des points obtenus permettant d’acheter des objets) au joueur curieux de mieux comprendre les mystères tournant autour du Mont Hikami, lieu central de l’intrigue de ce cinquième volet.

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Une ambiance toujours à couper au couteau.

L’ambiance des premières minutes est malheureusement coupée par des cinématiques trop fréquentes. Ces dernières ne laissent pas le joueur explorer plus de quinze secondes avant de le replonger dans un visionnage passif… L’entrée en matière (toujours importante dans un survival-horror) de ce Project Zero 5 m’a semblé un peu hachée par ce faux rythme alternant entre séquences de jeu trop courtes et cinématiques. Un défaut qui ne s’applique heureusement pas au reste du jeu.

Un backtracking contre-productif

Les jeux de type survival-horror ne sont pas relativement courts par hasard. Passé un certain nombre d’heures de jeu, le joueur devient de plus en plus à l’aise avec les mécaniques et l’univers qu’il visite. La peur finit donc par s’estomper une fois les bons réflexes bien en main. La prêtresse des eaux noires dispose d’une durée de vie assez longue, approchant la quinzaine d’heures, répartis en 14 chapitres. Le problème demeure que durant tout ce temps, les mêmes lieux sont régulièrement revisités. Cela pourrait être une bonne idée si le déroulement des événements n’était pas le même en fonction du personnage que l’on contrôle. Malheureusement, les différences ne sautent pas aux yeux…

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Si l’ambiance de la maison aux poupées est réussie, le fait d’y repasser à plusieurs reprises sans qu’il ne s’y passe de choses fondamentalement différentes est assez décevant.

Cela contribue à maintenir le joueur dans un certain confort. Plusieurs objets que l’on avait déjà ramassés dans un chapitre précédent reviennent par ailleurs exactement au même endroit quelques chapitres plus loin, ce qui ne participe pas à la crédibilité de l’univers. On peut par ailleurs regretter le manoir du volet précédent. Celui-ci donnait réellement l’impression d’avancer dans l’exploration d’un bâtiment hanté, et de dévoiler petit à petit ses secrets lugubres.

Project Zero 5 aurait certainement gagné à proposer une aventure plus courte, mais évitant ce type d’écueils. Cette répétition est aussi visible dans la narration. Une bonne partie des chapitres consistera ainsi à aller secourir un autre personnage s’étant aventuré au Mont Hikami. D’un point de vue scénaristique, Project Zero 5 parvient à susciter l’intérêt sur le sort des protagonistes, mais surtout sur son univers sombre tournant autour d’obscurs et inquiétants rituels ancestraux. Cependant, il ne surprend jamais vraiment en termes d’intrigues.

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Des mains (fantomatiques) particulièrement casse-pieds

C’est une mécanique qui existe également dans Project Zero 4 : Le masque de l’éclipse lunaire. Lorsqu’un personnage ramasse un objet, on l’aperçoit s’accroupir et approcher sa main du dit objet durant de longues secondes. Une main fantomatique peut alors apparaître (environ 1 fois sur 10) et lui agripper le poignet ! Cette mécanique force le joueur à rester concentré en attrapant un objet, et maintien un état de tension. J’avais personnellement apprécié l’idée lors du précédent volet. Elle finissait cependant par perdre de son charme une fois le jeu bien avancé.

Dans ce Project Zero 5, contrairement au volet précédent, vous ne perdrez pas l’objet si une main vous agrippe. Après un petit sursaut, vous devrez faire tourner le stick gauche rapidement pour vous en débarrasser au plus vite. Le joueur évitera ainsi de perdre trop de vie. En revanche, le timing pour éviter la main apparaît comme bien plus serré. De plus, si vous apercevez la main à temps, vous serez obligé de recommencer la séquence depuis le début ! Ces deux changements d’apparence mineurs modifient cette mécanique, mais selon moi pas dans le bon sens. Plutôt que de maintenir un état de tension avec une réelle punition à la clé (perte de l’objet), ces mains fantomatiques me sont apparues plus frustrantes et agaçantes qu’autre chose.

Un gameplay encore pataud, mais des évolutions bienvenues

En termes de gameplay, la grande majorité des remarques effectuées dans le test de Project Zero 4 sont toujours valables. Les reproches fréquents concernant la lenteur des personnages semblent cependant avoir été prises en compte. Sauf lorsqu’elles marchent dans l’eau, on contrôle enfin des personnages avec un minimum de condition physique. En revanche, on retrouve encore parfois des combats pénibles dans des zones trop étriquées

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Les fantômes à photographier (qui pourront demander un minimum d’attention et de réflexes) sont bien entendu toujours de la partie.

Project Zero 5 apporte toutefois d’autres ajouts bienvenus. Nous pouvons notamment citer le toucher fatal évoqué plus haut, qui apporte une nouvelle dimension et un autre enjeu aux combats. Un marqueur d’humidité a également été introduit. Lorsqu’un personnage est exposé à l’eau, l’indicateur grimpera et notre avatar attirera davantage les fantômes. Un nouvel objet fait l’apparition pour régler cela : la braise pure. Celle-ci, à ramasser dans les différents niveaux permettra de faire « sécher » votre personnage. Il est cependant dommage que cette mécanique n’ait pas été davantage exploitée. Le joueur n’a en effet souvent pas d’autres choix que de s’exposer à l’eau pour avancer… pour se sécher ensuite. L’intérêt en termes de gameplay est donc limité, en-dehors du fait d’inciter à l’exploration pour trouver ces braises pures.

Une série qui vaut surtout pour son ambiance ?

Une bonne partie du test semble appuyer sur les points négatifs du jeu. J’ai pourtant globalement apprécié ce Project Zero 5 : La prêtresse des eaux noires. Je l’ai toutefois trouvé légèrement en-deçà du volet précédent. Dans l’ensemble, les lieux m’ont semblé moins marquants. Le réfectoire, la chambre d’Ayako, ou encore la morgue sont des lieux issus de Le masque de l’éclipse lunaire qui m’ont semblé plus captivants en termes d’ambiance et d’identité visuelle.

En attendant un potentiel remake des premiers volets, ces deux titres me laissent à penser que la série vaut surtout pour son ambiance horrifique et son esthétique réussie. Le gameplay pataud et vieillissant peut difficilement être justifié par le stress que le titre souhaite faire ressentir aux joueurs. Il est en effet possible de générer de la tension sans pour autant donner la sensation de contrôler un tank. A noter que ce remaster de Project Zero 5 : La prêtresse des eaux noires est parvenu à atteindre un niveau de ventes satisfaisant. 340 000 copies tout supports inclus avaient en effet été vendues fin 2021. En attendant un potentiel nouveau film réalisé par Christophe Gans, il reste donc encore de l’espoir pour que la série ne finisse pas dans l’oubli.

Note :

Résumé : A l'image de son prédécesseur, Project Zero 5 bénéficie d'une ambiance captivante. Celle-ci demeure cependant moins marquante et entachée d'un backtracking abusif. On pourra noter quelques ajouts plutôt pertinents au gameplay comme le regard fatal et des personnages plus rapides. Les mécaniques restent toutefois trop lourdes pour ne pas réduire Project Zero : La prêtresse des eaux noires à un simple jeu d'ambiance plutôt réussi.

Martin Karpinski

Trop trouillard pour jouer aux survival-horrors jusqu'à mes 18 ans. En 2008, Dead Space fut ma première porte d'entrée vers cet univers. J'ai depuis rattrapé mon retard, tant au niveau des classiques (Resident Evil, Silent Hill...) que des jeux indépendants. Si il me reste encore des lacunes, j'ai cependant créé ce site pour partager ma passion du survival-horror et certaines de mes réflexions. J'écris également pour le webzine Journal du Japon.

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