Test Saturnalia : enquête et voyage horrifique en Sardaigne
Saturnalia | Studio de développement | Santa Ragione (indépendant) | Date de sortie | 27 octobre 2022 |
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Consoles | PC, Xbox, PS4, Switch |
Durée du jeu | 8-12h environ |
Saturnalia est sorti en octobre 2022 sur PC et l’ensemble des consoles. Conçu par le studio indépendant Santa Ragione, il présente l’originalité de se dérouler en Sardaigne. Cette création indépendante riche en idées s’avère de plus particulièrement rafraîchissante parmi les dernières sorties vidéoludiques horrifiques.
Enquête horrifique à quatre mains
On comprend assez vite que l’enquête prend une place importante de ce Saturnalia. A Gravoi, genre de petit village où tout le monde se connaît, de nombreux secrets enfouis attendent en effet de refaire surface. Quatre personnages peuvent être contrôlés au cours de l’aventure. Chacun a un rapport différent à cette petit bourgade. Il est possible de passer d’un personnage à un autre en se plaçant à proximité de celui souhaité. Une autre solution consiste à utiliser un téléphone fixe afin de contacter un personnage placé dans une zone contenant aussi un téléphone.
Chaque avatar présente des caractéristiques différentes. A titre d’exemple, l’une des personnages est capable de se faufiler entre certains barreaux. Un autre est équipé d’un talkie-walkie (et oui, nous sommes en 1989 !). Quand il capte le réseau, cette merveille de technologie permet de passer la main à un autre personnage sans avoir à utiliser de téléphone fixe.
Saturnalia est aussi un survival-horror. Un mystérieux monstre ne manque en effet pas de roder dans les rues étroites de Gravoi. Si l’un des personnages se fait capturer, il devra donc être secouru par l’un de ses compatriotes. Le monstre est par ailleurs particulièrement réussi. Chacune de ses apparitions est accompagnée d’un cliquetis glacial redouté.
Le plaisir de se perdre
Le cadre de Saturnalia est particulièrement dépaysant. Rempli de petites rues et d’impasses, Gravoi se révèle très plaisant à explorer. Ce qui constitue une certaine prouesse, la bourgade sarde étant un véritable labyrinthe ! Heureusement, des panneaux indiquant la direction vers les principaux lieux de la commune sont placés à certains endroits. On pourra cependant noter une approximation sur leur répartition. Plusieurs panneaux peuvent en effet être très proches, alors que d’autres seront particulièrement éloignés. Saturnalia intègre d’autres mécaniques particulièrement utiles et bien senties pour aider le joueur à se repérer, mais pas trop.
Quoi qu’il en soit, découvrir de nouveaux lieux mais surtout créer des raccourcis procure dans Saturnalia un sentiment particulièrement satisfaisant. On finit par ressentir un vertige enthousiasmant face à ce level-design complexe, voire torturé, mais maîtrisé.
Si vous avez fini par maîtriser les rues de Gravoi, vous n’êtes pas en situation de confort pour autant. En effet, si vos quatre personnages meurent, la ville changera complètement de configuration, effaçant ainsi tous vos repères. Saturnalia sait en revanche ne pas être trop punitif. Les objets-clés restent, ainsi que les différents raccourcis créés. La réorganisation du village fera aussi revenir les différents accessoires à ramasser.
Il est aussi possible de demander directement à reconfigurer le village. Cette option peut potentiellement vous aider dans certaines situations mais vous coûtera un game over impactant avec d’autres critères sur votre note reçue à la fin du jeu. Si vous faites Saturnalia la première fois sans aucune aide, il sera cependant difficile d’obtenir une note élevée.
Des mécaniques parfois frustrantes ou redondantes
Évidemment, ce Saturnalia n’est pas parfait. Comme souvent dans les créations indépendantes, il souffre de certaines mécaniques pas toujours bien exécutées, ou redondantes. A titre d’exemple, sauver les personnages capturés deviendra vite répétitif, et d’un faible intérêt ludique.
L’une de ces protagonistes, Claudia, peut également être capturée et ramenée à la maison par son paternel ! Si cela pourra se justifier par le scénario, il n’en demeure pas moins que cette mécanique est sans doute de trop. Surtout que même après 10 arrestations, le personnage du père sera toujours incapable de ne pas laisser Claudia filer à l’anglaise et continuera à lui courir après ! A deux reprises, j’ai également suspecté le jeu d’avoir eu des difficultés à déclencher un script pour la réalisation d’un événement (qui a fini par se régler).
La narration est efficace sur certains points, notamment pour l’histoire du personnage de Paul. On croit en revanche moins à d’autres éléments narratifs. La relation entre Anita (première personnage que l’on contrôle du jeu) et le sacristain Damiano (non jouable) est notamment peu crédible. Cela vaut tant pour l’évolution de cette relation qu’en termes de dialogues entre ces deux personnages. A moins que cela ne soit lié à un mystère non résolu de Gravoi ?
Attention aux ressources !
Comme souvent dans un survival-horror, Saturnalia demande l’utilisation d’objet ou accessoires pour s’éclairer dans le noir. Il s’agit ici d’allumettes, particulièrement difficiles à trouver. Il en est de même pour les pièces, servant entre autres à racheter des allumettes. On comprend peut-être un peu tard à quel point ces ressources sont rares.
Il serait cependant sévère de reprocher cela à un survival-horror. J’ai sans doute été trop peureux pour résister à la tentation d’allumer une allumette dans une rue trop sombre de Gravoi. Néanmoins, le fait de récupérer comme par magie 9 allumettes dès que l’un des personnages a été capturé s’apparente à un aveu de la difficulté de Santa Ragione à trouver un bon équilibre sur la récolte de cette ressource précieuse.
Un survival-horror audacieux et rafraîchissant
On pardonne cependant bien à Saturnalia ses quelques défauts. Le titre se révèle en effet particulièrement audacieux sur bien d’autres aspects. Pour les plus courageux, le titre de Santa Ragione présente par ailleurs une certaine rejouabilité, étant proposé avec de nombreux modes de difficulté différents. Une aventure horrifique en terre sarde qui vaut le coup d’être tentée !