Les moments horrifiques dans Zelda

Bien que Zelda ne soit pas une série horrifique, certains épisodes présentaient des éléments particulièrement effrayants. En voici plusieurs qui m’ont marqué.

Les clapoirs (Zelda Ocarina of Time)

Ma première rencontre avec ces grandes mains tombant du plafond s’est produite dans le temple de la forêt de Zelda Ocarina of Time. Elles apparaissent dans une salle suivant un long couloir distordu. La fée Navi avait d’ailleurs la bonté de nous avertir peu avant d’y rentrer. Cependant, son avertissement : Prends garde à l’ombre des monstres qui apparaissent au plafond faisait surtout froid dans le dos. La musique mystérieuse et insidieuse du Temple de la forêt n’arrangeait évidemment pas les choses…

 

A 10 ans, voir cette ombre apparaître au-dessus de Link et prendre de plus en plus d’envergure était déjà angoissant. Mais le bruit qui l’accompagnait l’était encore plus ! Une fois par terre, leur apparence et leur façon de se déplacer en faisant des bruits de claquement n’en est pas moins repoussante. Il était heureusement assez facile de les éviter. Je ne crois pas m’être déjà fait attraper par l’une d’entre elles. La punition si cela vous arrive est d’ailleurs plus ennuyante que vraiment effrayante. Link est en effet tout simplement renvoyé au début du donjon ne perdant dans mes souvenirs qu’un demi-coeur de vie.

Il s’agit de l’un des ennemis les plus anciens de The Legend of Zelda. En effet, ils apparaissaient déjà dans le premier épisode sur NES. Cependant, leur rendu à l’époque était bien entendu beaucoup moins effrayant qu’en 3D sur la Nintendo 64.

La moulin à musique de la vallée Ikana (Majora’s Mask)

La première incursion dans cette vallée donne rapidement le ton. On y sent rapidement comme une odeur de malédiction et de folie. Link tombe rapidement sur un moulin étrangement encerclé par d’effrayantes momies passant leur temps à tourner autour. Mais ce qui vient ensuite y est bien plus glauque. En parvenant à rentrer dans le moulin, on se rend compte que celui-ci est habité par une petite fille du nom de Pamela et par son père. Ce dernier, touché par une malédiction, est sur le point de se transformer lui aussi en momie et par conséquent enfermé dans un placard…

Les momies tournant autour du moulin ©Nintendo

Il est heureusement possible de résoudre la situation et de libérer le père de sa malédiction. Cependant, l’aspect le plus effrayant de cette histoire est lié au concept de Zelda Majora’s Mask. Une fois les 3 jours écoulés et la fin du monde approchant, il est nécessaire de revenir dans le temps. Les problèmes de Pamela et de son père en reviennent donc irrémédiablement à leur point de départ.

Le puits du village Cocorico (Ocarina of Time)

Le puits a toujours eu un fort potentiel horrifique. Il est d’ailleurs régulièrement utilisé dans des récits ou jeux d’horreur. Je pense par exemple à La couleur tombée du ciel de HP Lovecraft dans le domaine de la littérature ou Ring pour le cinéma. Dans le jeu vidéo, on pourrait aussi citer Bloodborne (dans le village des pêcheurs) et Resident Evil Village (dans la maison Beneviento).

Le puits du village Cocorico est notamment effrayant dans la mesure où il est placé au beau milieu de ce qui semble être un lieu paisible. Le thème apaisant du village ne laisse pas supposer ce qui s’y cache dans les profondeurs. Pourtant, Link (enfant) y trouvera moultes horreurs. On pense notamment à ce boss qui aura sûrement marqué bon nombre de jeunes joueurs :

zelda-oot-poignant
©Nintendo

Les différentes mains sortant du sol peuvent immobiliser notre pauvre Link pendant plusieurs secondes. Le joueur est alors obligé de regarder le monstre se rapprochant de notre protagoniste jusqu’à le mordre. Se faire attraper par une des mains est d’ailleurs nécessaire pour faire apparaître le boss. Ce qui laisse supposer que les mains servent principalement d’appât pour ses proies, un peu comme une araignée utilise sa toile. A noter que Ocarina of Time est le seul jeu dans lequel ce monstre apparaît.

Le puits du village est directement lié au niveau du Temple de l’ombre, l’un des niveaux les plus effrayants de la série. La bande-son du donjon à base percussion inquiétante reste en mémoire bien des années après.

L’hymne du vide et les masques (Majora’s Mask)

Zelda Majora’s Mask est sans aucun doute le jeu de la série ayant le plus important potentiel horrifique. L’ambiance de fin du Monde, la Mort omniprésente et l’univers ambigu y sont principalement la cause. Mais les animations utilisées lorsque Link porte un masque pour se transformer ne sont pas en reste. Le cri et le regard de Link transformé évoquent peur et souffrance. Il était heureusement était possible de passer l’animation… Difficile également de ne pas évoquer cet inquiétant vendeur de masque et sa phrase devenue culte : You’ve met with a terrible fate haven’t you ?

Mais l’effet le plus effrayant est sans nul doute cette statue de Link créée en jouant la musique de l’hymne du vide :

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Hide the pain Harold avant l’heure ? ©Nintendo

Un regard vide faisant froid dans le dos et faisant penser à une copie corrompue de Link. Ce système de copie permet de résoudre des énigmes à base d’interrupteurs. Il peut aussi être utilisé avec les autres transformations de Link (zora, goron…). Cependant, il n’y a que avec Link que cette copie s’avère aussi perturbante. Y a t-il un sens à cela ? Dans tous les cas, cela fait son effet. Pour les amateurs de creepypastas, cette statue de Link ainsi que Majora’s Mask de façon générale ont fait l’objet d’une légende urbaine diffusée sur Internet intitulée Ben Drowned.

La Dame Yéti (Twilight Princess)

Les yétis rencontrés lors du donjon des ruines des pics blancs semblent d’abord purement amicaux. Cependant, après avoir été exposée à un miroir maléfique, la Dame Yéti répondant au doux nom de Yeta (oui, oui) se transformera en créature hostile à la suite d’un joli screamer, le seul à ma connaissance utilisé de toute la série Zelda. S’en suivra ensuite un combat de boss à la suite duquel tout rentrera dans l’ordre.

 

L’origine des Stalfos

Un élément du lore de Zelda qui peut facilement passer inaperçu. Les Stalfos sont de grands guerriers squelettes armés d’une épée et d’un bouclier. On peut cependant apprendre l’origine de ces monstres grâce à un dialogue avec une PNJ Kokiri de Ocarina of Time. Les adultes sans fée ne parvenant pas à retrouver leur chemin dans les bois perdus se transforment en effet en Stalfos.

Un personnage de Ocarina of Time semble directement victime de cette malédiction. Le jeune homme déprimé du village Cocorico que nous pouvons voir en tant que Link enfant peut être retrouvé en tant qu’adulte dans les bois perdus. Après lui avoir offert un coq bleu dans le cadre de la quête des échanges, il nous donne un étrange champignon à la vieille dame du village. Celle-ci nous demande ensuite de retourner voir le jeune homme pour lui donner une potion. Il aura alors disparu, remplacé par la PNJ évoquée plus haut. Cette dernière raconte alors la sans doute funeste destinée du personnage, non sans conclure avec un rire enfantin assez inquiétant et inapproprié.

Un combat contre un Stalfos ©Nintendo

Le fait de se perdre dans les bois renvoie déjà à une peur primaire importante. Mais cette légende est d’autant plus effrayante qu’elle nous questionne lorsque l’on contrôle Link et que l’on affronte un Stalfos. Était-il auparavant un simple Hylien ayant eu le malheur de perdre son chemin ?

Il existe d’ailleurs une théorie dans la communauté Zelda selon laquelle Link se transformerait en Stalfos à la fin des aventures de Ocarina of Time. L’origine de cette théorie semble être liée au fait que Link n’ait pas de fée au début de Majora’s Mask suite au départ de Navi et que l’introduction prend place dans les bois perdus. Il pourrait par conséquent être amené à se perdre. Cette théorie peut cependant être infirmée par d’autres arguments. Ce qui n’empêche pas d’en trouver d’autres particulièrement inquiétantes et crédibles sur ce Zelda bien à part.

L’horreur a t-elle encore sa place dans Zelda ?

Un fait marquant sur cette sélection de moments horrifiques dans Zelda ne vous aura pas échappé. La quasi-totalité provient des titres Ocarina of Time et Majora’s Mask, sortis à seulement quelques années d’intervalle. A cette époque, Nintendo cherchait sans doute à donner une image davantage mature à la série. Si cette dernière n’a pas baissé en qualité, Breath of the Wild ne contient pas de réels moments horrifiques. Idem bien entendu pour les jeux reprenant l’esthétique cartoon de The Wind Waker.

L’essentiel de The Legend of Zelda ne se trouve bien entendu pas là. Cependant, si l’idée n’est bien entendu pas de traumatiser une génération entière de jeunes joueurs, on pourra regretter le fait que le potentiel horrifique de la série ne soit plus du tout utilisé.

Martin Karpinski

Trop trouillard pour jouer aux survival-horrors jusqu'à mes 18 ans. En 2008, Dead Space fut ma première porte d'entrée vers cet univers. J'ai depuis rattrapé mon retard, tant au niveau des classiques (Resident Evil, Silent Hill...) que des jeux indépendants. Si il me reste encore des lacunes, j'ai cependant créé ce site pour partager ma passion du survival-horror et certaines de mes réflexions. J'écris également pour le webzine Journal du Japon.

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