Test Resident Evil 8 DLC : Les ombres de Rose
Sorti un an et demi après Village, Les ombres de Rose conclut l’arc de la famille Winters. Sans être des modèles d’écriture, les deux derniers titres de la série Resident Evil parvenaient à impliquer le joueur dans l’histoire de ce pauvre Ethan et de sa famille. On retrouvait en tout cas une volonté de proposer une histoire plus « sérieuse ». Exit la série Z assumée du quatrième volet, et le scénario sommaire des premiers titres de la saga CAPCOM.
Cette volonté suit l’évolution du jeu vidéo AAA cherchant de plus en plus à se rapprocher du cinéma. D’aucuns pourraient cependant regretter que si l’écriture s’avère plus sérieuse, elle reste souvent maladroite. On pense par exemple au lien entre Spencer et Miranda qui semble avoir été ajouté à la va-vite pour justifier une connexion avec le reste de la franchise. Ou encore au comportement de Chris Redfield envers Ethan qui m’a semblé plutôt incohérent. Un jeu ne se prenant pas au sérieux peut facilement échapper aux critiques concernant son écriture. Ceci est en revanche plus délicat lorsque le titre affiche clairement de réelles ambitions scénaristiques.
Prenant place 16 ans après les événements de Village, Les ombres de Rose nous donnent donc le contrôle de la fille de Ethan. Cette dernière, consciente de sa différence suite à son infection, cherche à se débarrasser de ses pouvoirs afin de prétendre à une vie « normale ». « K », un collègue de Chris Redfield, lui indique avoir une solution. Cela mènera Rose à visiter bien malgré elle certains environs du village éponyme visités par son paternel.
Ecriture inégale
L’écriture des Ombres de Rose a le mérite d’évoquer un sujet difficile, à savoir le harcèlement scolaire. Celui-ci est pour le coup plutôt bien intégré à l’intrigue, et abordé d’une façon frontale. La violence des situations évoquées et l’impuissance de Rose à ce sujet, contrainte de se cacher pour échapper à ses bourreaux, est particulièrement bien mise en scène dans une courte et étonnante séquence d’infiltration. En revanche, les raisons pour lesquelles Rose est victime de brimades me sont apparues trop légères.
D’autres aspects de l’écriture s’avèrent par ailleurs plus laborieux. On devine trop facilement la réelle identité de « Michael », accompagnant Rose dans ses mésaventures. On retrouve aussi des facilités d’écriture, comme la véritable nature de « K », collègue de Chris Redfield au début du DLC, qui constitue une révélation sans saveur. Les ombres de Rose a toutefois le mérite de donner un autre sens à l’épilogue du jeu. L’émotion ne prend cependant pas vraiment, la faute à une écriture trop formelle ne laissant pas de place à l’ambiguïté, tout en laissant aussi des zones d’ombre peu justifiées sur d’autres aspects de la famille Winters (quid notamment de Mia, à peine évoquée ?).
Un village revisité, mais amoindri
Grâce à un scénario capillotracté typique de la série Resident Evil, Rose est donc amenée à découvrir plusieurs zones explorées par son paternel 16 ans plus tôt. Celles-ci apparaissent toutefois sous la forme de souvenirs conservés dans un étrange laboratoire expérimental. Cela justifie ainsi plusieurs modifications par rapport au village découvert par Ethan. Le gameplay est également remodelé. Rose dispose en effet de plusieurs pouvoirs psychiques permettant notamment de ralentir ses ennemis. Ces capacités sont aussi nécessaires dans la progression du jeu.
Le manoir Beneviento contenait sans contestation la séquence la plus effrayante de Village. C’est encore une fois le cas dans ce DLC. CAPCOM reprend ici la recette du jeu original. D’abord une tension qui monte progressivement alors que le joueur résout les différents puzzles et énigmes dans ces couloirs au silence inquiétant, jusqu’à ce que le danger se matérialise d’un seul coup. Il est préférable bien entendu de ne pas connaître la nature de ce danger avant de démarrer ce DLC. Si l’emprunt à Silent Hills: PT demeure évident, force est de constater que l’équipe CAPCOM chargée des derniers titres Resident Evil maîtrise ce genre de séquences.
Ce DLC, de par sa nature courte, exclut l’une des grandes qualités de Village : son hub. Explorer de nouvelles zones du village entre les quatre principaux niveaux de l’aventure constituait sans doute l’un des éléments les plus plaisants du jeu. On se retrouve ici face à une progression plus dirigiste. Cela peut bien entendu s’entendre par la nécessité de rythmer une aventure nécessairement courte (3-4 heures). Il n’en reste pas moins que Les ombres de Rose donne la sensation de jouer à une version amoindrie de Village, excluant l’une de ses qualités premières.
Des séquences plus oubliables
Les ombres de Rose n’atteint malheureusement pas toujours un niveau de qualité égale à la séquence de la maison Beneviento. D’autres séquences s’avèrent assez plates. C’est notamment le cas du boss final. Resident Evil n’a jamais été une série très convaincante sur ses combats de boss. Ce DLC ne fait malheureusement pas exception, avec un dernier combat peu trépidant. Si des nouveaux pouvoirs font leur apparition, il reste difficile de ne pas ressentir une redite avec un autre combat de Village. On retrouve également cette bizarrerie consistant à entendre notre protagoniste et son antagoniste échanger des répliques de bac à sable en plein combat…
Note :
Résumé : Les ombres de Rose est un DLC plutôt sympathique, mais inégal. Cette irrégularité vaut tant pour les mécaniques de gameplay que pour l'histoire. Le prix du DLC approchant les 20€ s'avère un peu trop élevé, même en prenant en compte le mode Mercenaires et l'ajout de la 3ème personne. On recommandera donc plutôt d'attendre une baisse de prix pour se lancer sur la conclusion de l'histoire de la famille Winters.